Résumé :
Déborah démarre son année de terminale sans une paire de chaussures, rapport à Isidore le chien-clochard qui s’acharne à les dévorer. Mais ce n’est pas le pire, non.
Le pire est-ce sa mère qui se met à découper frénétiquement des magazines ou son père au bras d’une inconnue aux longs cheveux bouclés ?
Le bac est en ligne de mire, et il va falloir de l’aide, des amis, du courage et beaucoup d’humour à Déborah pour percer les nuages, comme un soleil.
Ce que j’en pense :
Je suis ton soleil a été une excellente lecture. Ce n’est pas un coup de cœur, mais ce n’est pas pour autant que je n’ai pas apprécié l’histoire. Non, celle-ci est (presque) parfaite : le récit, la narration, les personnages, tout est débordant de vérité et de sincérité.
Une écriture assez extraordinaire
La plume de Marie Pavlenko et la manière dont elle raconte son histoire m’ont tapé dans l’œil. L’auteure a effectivement un style assez particulier, que j’ai beaucoup aimé. L’extrait ci-dessous vient au tout début de l’histoire ; c’est le jour de la rentrée en terminale de Déborah. Ce passage m’a beaucoup marquée parce que c’est en lisant ces lignes que je me suis vraiment rendu compte que la particularité du style d’écriture. Marie Pavlenko écrit avec décontraction (il y a du langage jeune, de l’oralité, des voyelles sont zappées) mais même temps ses phrases sont poétiques et riches :
Il a bien fallu y aller et traîner mes bottes-grenouilles jusqu’à la salle 234. J’ai beau lorgner les environs, rien de transcendant à l’horizon. Un ramassis de tresses, deux appareils dentaires, des touffes hirsutes, une casquette rouge. No sex-appeal. No petit nouveau tombé du ciel, genre v’là l’homme de ma vie. Du moyen, du con-con, du fadasse à foison.
J’ai aussi adoré ses titres de chapitres et l’intertextualité littéraire. Celle-ci m’a impressionnée, j’ai adoré retrouver des citations de Baudelaire, et d’autres auteurs connus, des références aux Misérables, … C’était génial, et ça mettait le récit en perspective. C’est donc ce côté littéraire qui m’a également fait aimer ma lecture : l’auteure est extrêmement habile pour caser des citations connues (vers d’un poème, phrase d’un roman classique, …) et des notions livresques dans une phrase. En voici un exemple :
Demain, nous partons chez mamie Zazou, ma grand-mère paternelle en Bourgogne. Si Baudelaire avait vécu ma vie, il aurait quand même une notion vachement plus aiguë de ce qu’est un spleen. Un putain de spleen.
Outre sa plume, sa manière de raconter une histoire est également saisissante. On oscille entre joie et tristesse, entre espoir et désillusions, entre toute une multitude d’émotions. Il y a un événement triste, mais l’auteure arrive à nous faire rire, par exemple. Il y a toujours une pointe de sourire dans le malheur, et une pointe de tristesse dans le bonheur. Et c’est aussi ça qui rend ce livre et la plume de l’auteure uniques. C’est assez compliqué à expliquer (et à saisir pour ceux qui n’ont pas lu le livre j’imagine) mais c’est ce que j’ai ressenti durant ma lecture : des sentiments contradictoires en simultané. Un drame arrive, l’écriture de Marie Pavlenko rend néanmoins la lecture plus légère et drôle. Car oui, ce livre traite de sujets importants, mais il est aussi rigolo et léger. J’ai souri de nombreuses durant ma lecture (notamment avec Lady Legging et Isidore le clochard, ou encore avec bébé Charlotte). Dans l’extrait ci-dessous, la famille est en plein dans un drame, mais ça ne m’a pas empêchée de sourire quand j’ai lu le passage, tellement il est empli d’humour 🙂 :
Je vous laisse imaginer le réveillon.
Les silences gênés, les yeux rougis de ma mère qui ne fait aucun effort, les œillades inquiètes de mamie Zazou, mon père qui me demande le sel d’une voix de cadavre.
Et cette peste de Charlotte qui balance ses épinards sur Isidore.
Je me lève, l’assiette à la main, contourne la table et flanque une taloche sur sa joue rebondie de bébé tout-puissant.
Mon oncle, mari de Janyce-avec-un-y, m’interpelle comme s’il était la statue du commandeur dans Don Giovanni.
Genre il m’effraie.
Je me baisse et offre mon foies-gras à Isidore, me redresse, exhibe un majeur bien dégagé, un majeur qui ne laisse aucun doute quant à mon message, et je monte me coucher.
Un livre qui brille par sa justesse
En outre, ce livre aborde l’adolescence avec justesse et sincérité. Tous les thèmes phares de l’entrée dans l’âge adulte tels la quête d’identité, la relation aux parents et aux amis, la responsabilisation, sont racontées de façon réaliste et touchante. J’ai particulièrement aimer retrouver le thème du divorce (des parents de Déborah) et celui de l’avortement (j’aurais néanmoins bien aimé qu’il y ait plus de place accordé à cette problématique, car l’auteure n’a fait qu’effleurer le sujet dans ce livre). Ce roman transmet ainsi très bien les tourments adolescents, à savoir qui on est, quelle est notre place dans le monde, etc.
Déborah est d’ailleurs émouvante. Je me suis attachée à elle, car elle est sincère, et elle m’a touchée par sa détresse. Je pense que n’importe quel ado (ou n’importe quel adulte, d’ailleurs) peut se reconnaître dans son personnage, car l’histoire sonne très juste. C’est ce passage qui m’a notamment touchée :
Je suis sur un bateau magique en partance pour l’âge adulte, je vogue, évite les creux, les rafales, surfe sur les vagues monstrueuses, m’apprête à affronter la pleine mer, et j’espère très fort que le vent du large me portera là où je veux aller, même si ma destination reste à ce jour indéfinie.
Donc Je suis ton soleil est une lecture très spéciale et différente de ce que l’on lit habituellement (de mon point de vue). Marie Pavlenko a un style unique, et je sais déjà que je vais adorer le retrouver dans d’autres de ses romans. C’est un livre que je vous recommande, parce que le récit est superbement écrit, mais aussi parce que l’adolescence est abordée avec sincérité, et que ça fait du bien. Je suis ton soleil me fait d’ailleurs penser aux romans de Sarah Dessen ; j’ai trouvé qu’il y avait la même façon d’aborder l’âge adulte, avec véracité, franchise et douceur.
Et vous, avez-vous lu ce livre ou d’autres de cette auteure ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ?
Ce livre est dans ma PAL 😊
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J’espère que tu auras l’occasion de le lire alors 😉
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Oui je lirai un de ces jours 😉
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[…] […]
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[…] lu ce livre l’année dernière, et j’ai adoré (je vous mets le lien vers ma chronique ici). J’ai apprécié la métaphore du bateau dans la citation, et j’ai trouvé […]
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[…] tiens également à citer le livre Je suis ton soleil de Marie Pavlenko, qui est bouleversant. Ce récit déborde de sincérité et c’est une […]
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