The Sun Is Also A Star de Nicola Yoon

couv20634302Résumé : 

Daniel, 18 ans, est fils de coréens immigrés à New York. Il passe un entretien pour entrer dans la prestigieuse Université de Yale. Natasha vient de la Jamaïque. Sa famille, immigrée illégalement aux Etats-Unis, est sous le coup d’une procédure d’expulsion et devra quitter le pays le soir même. L’adolescente tente par tous les moyens de trouver une solution. Sous l’effet d’un enchaînement d’évènements dus au hasard (ou au destin ?), Daniel et Natasha se rencontrent et vont vivre, le temps d’une journée, une belle histoire d’amour. Une histoire à laquelle viennent se mêler le jeu des coïncidences, la menace de l’exil et le poids des différences culturelles.

Ce que j’en pense :

Comme beaucoup de lecteurs, j’ai découvert Nicola Yoon avec Everything Everything. Ce livre-là m’avait plu, malgré une fin assez décevante (ma chronique est ici si vous souhaitez la lire – vous remarquerez d’ailleurs que dans ma chronique, écrite en 2017, j’ai dit que je trouvais Maddy très courageuse d’accepter de rester cloîtrée chez elle et de ne jamais pouvoir sortir à cause de sa maladie. Ironie du sort, cette dernière année nous avons tous été contraints de limiter les contacts humains et de se confiner à plusieurs reprises… et ce sont dans ces moments-là que je me suis le plus rappelé Maddy, bien que sa situation soit très différente de la nôtre). Voilà pour la petite digression 😉

Pour en revenir à The Sun Is Also A Star, je ne savais pas trop à quoi m’attendre car ce récit n’a absolument rien à voir avec Everything Everything. En fin de compte, malgré mes appréhensions, j’ai adoré ma lecture. J’ai de plus lu ce roman en anglais et j’en suis contente, car l’auteure a une plume magnifique : c’est un récit dont j’ai savouré chaque ligne. Je vous mets d’ailleurs le lien du résumé en anglais ici, car je trouve que celui-ci est bien plus alléchant que le résumé en français. Maintenant, place à la chronique :

Un récit très bien mené

La particularité de ce récit, c’est qu’il se déroule sur 24h. L’auteure concentre effectivement toute l’action de son roman sur une seule journée, et ça rendait la lecture dynamique. Les chapitres sont de plus assez courts, alors ça m’encourageait à lire en toujours plus. Je les enchaînais les uns après les autres sans même m’en rendre compte.

Mon addiction pour l’histoire est également due au jeu des points de vue : ce sont Natasha et Daniel qui racontent leur histoire, mais Nicola Yoon fait également intervenir d’autres personnages secondaires, et ça ajoutait un charme au récit. Pour être plus précise, dans son roman, elle met en scène la rencontre entre Natasha et Daniel, et tous les événements qui les ont conduits à se rencontrer. Par exemple, au tout début du récit, Natasha arrive en retard à son rendez-vous à cause d’un agent de sécurité qui l’a retardée au pied du bâtiment. On a ainsi le point de vue de cet agent de sécurité, nommé Irène, qui explique pourquoi elle a discuté avec Natasha, la mettant en retard. C’est ce retard qui va être le déclencheur de sa rencontre avec Daniel. Ce lien de cause à effet est présent dans tout le roman et j’ai trouvé cela génial. J’ai également adoré l’idée qu’il y a plusieurs univers parallèles, en fonction des choix que nous faisons : si tel personnage n’avait pas fait telle chose à tel moment, sa vie aurait été différente.

Cet enchaînement d’événements est ainsi à l’origine de la rencontre entre Daniel et Natasha et de l’histoire d’amour qui va en découler. Daniel, qui est très poétique, va ainsi penser que c’est le destin qui l’a mis sur la route de Natasha, tandis que cette dernière pense tout simplement que c’est le hasard : 

No one wants to believe that life is random. My dad says he doesn’t know where my cynicism comes from, but I’m not a cynic. I am a realist. It’s better to see life as it is, not as you wish it to be. Things don’t happen for a reason. They just happen.

J’ai adoré cette opposition d’état d’esprit entre Natasha la cartésienne et Daniel le rêveur.

Deux personnages principaux aux antipodes l’un de l’autre

Comme je viens de l’évoquer, les deux personnages principaux sont tellement différents l’un de l’autre qu’au départ je me suis demandée comment leur relation pouvait fonctionner.

Natasha est le personnage qui m’a le plus touchée. Elle ne croit ni en Dieu, ni en l’amour :

When Natasha thinks about love, this is what she thinks: nothing lasts forever. Like hydrogen-7 or lithium-5 or boron-7, love has a infinitesimally small half-life that decays to nothing. And when it’s gone, it’s like it was never there at all.

Elle est donc très factuelle et scientifique, et j’ai d’ailleurs trouvé cela rafraichissant car généralement, dans les romances contemporaines, les filles sont romantiques et pleines d’idéaux.  Au fil des pages, on apprend par ailleurs pourquoi elle réagit avec tant de dureté et de cynisme, et ça ne la rend que plus touchante encore. Son personnage est extrêmement bien construit, et on découvre peu à peu l’histoire de ses parents, entrés illégalement aux Etats-Unis, et leurs espoirs déçus en Amérique. Natasha ne jure donc que par la science, et j’ai aimé voir comment ses certitudes vont doucement vaciller quand elle va rencontrer Daniel.

Daniel, lui, est également attachant. Il est l’archétype du rêveur, qui croit en la destinée et en l’amour. Ses parents sont Coréens et veulent le meilleur pour leur fils, c’est-à-dire qu’il entre à Yale. Mais Daniel ne veut pas suivre la voie tracée par ses parents et n’assume pas. C’est Natasha qui va lui faire prendre conscience qu’il peut s’émanciper de ses parents, et réaliser pleinement ses rêves, s’il en a la force :

Maybe she was right. I’m just looking for someone to save me. I’m looking for someone to take me off the track my life is on, because I don’t know how to do it myself. I’m looking to get overwhelmed by love and meant-to-be and destiny so that the decisions about my future will be out of my hands. It won’t be me defying my parents. It will be Fate.

J’adore cette citation, car je trouve qu’elle résume plutôt bien le personnage de Daniel.

Une romance crédible

Je ne crois pas spécialement au coup de foudre, mais cette relation qui s’est nouée entre Natasha et Daniel, en moins de 24h, m’a totalement convaincue. Le deux personnages ont appris à se connaître et à s’appréhender avant toute chose, et leur relation ne s’est pas construite dans la précipitation. C’était donc assez crédible dans l’ensemble.

Et puis ce que je trouve chouette dans cette romance, c’est qu’on évite les clichés habituels. L’histoire d’amour est sincère et n’est pas dans l’excès selon moi. Il y a d’ailleurs beaucoup de réflexions et de pensées sur le thème de l’amour, comme celle-ci, de Daniel, qui m’a beaucoup plu :

Maybe part of falling in love with someone else is also falling in love with yourself. I like who I am with her. I like that I say what’s on my mind. I like that I barrel ahead despite the obstacles shes raises. Normally I would give up, but not today.

Ce que j’ai adoré dans cette romance, c’est aussi son côté poétique (mais non fleur bleue) : ce sont donc deux personnages qui n’ont rien en commun, et pourtant ils vont tomber amoureux l’un de l’autre sans raison. C’est aussi cela qui est magique. La fin m’a d’ailleurs beaucoup plu à ce titre : elle m’a rendue à la fois triste et heureuse, c’est tout un tas d’émotions qui m’a submergée. Et la fin ouverte m’a totalement plu. Ce n’était que du bonheur.

Au-delà de la romance, d’autres thèmes liés à l’identité culturelle sont abordés

La principale ligne directrice est la romance, mais il y a également, en arrière-plan, d’autres thèmes soulevés par Nicola Yoon. A travers le récit elle pose effectivement la question des différences culturelles, de l’immigration et du racisme. Plus largement, elle montre les différentes façons dont peut être vécue l’intégration aux Etats-Unis. Par exemple Natasha se sent chez elle en Amérique, pourtant on veut la renvoyer en Jamaïque, dans son pays de naissance. Et j’ai trouvé toutes ses problématiques extrêmement bien posées, et j’ai notamment été touchée par le frère de Charlie, qui cherche à être totalement américain, sans tenir compte de ses origines coréennes.

Outre l’intégration aux Etats-Unis, le rêve américain est aussi évoqué à travers les figures parentales, et il est même un peu remis en cause, je trouve.

Et ce qui est le plus génial là-dedans, c’est que les personnages arrivent encore à rire de la situation, et de la tourner en dérision. L’extrait ci-dessous est un échange entre Natasha et Daniel, que j’aime beaucoup car justement il montre le recul que prennent les personnages sur leur propre vie, sur le racisme qu’il subissent etc. :

(Point de vue de Natasha) By the time I’m done listing all the things that were awful, I’m laughing again. It takes him a few more seconds, but finally he smiles too, and I’m glad for it.

« I’m glad you think this is funny, » he says.

« Come on, » I say. « Tragedy is funny ».

« Are we in a tragedy? » he asks, smiling broadly now.

« Of course. Isn’t that what life is? We all die at the end. »

« I guess so, » he says. He steps closer, takes my hand, and places it on his chest.

 

En bref, ça a été 350 pages de pur bonheur. C’est le genre de lecture dont on savoure chaque ligne, tellement l’histoire est belle. Le récit est addictif et dynamique, le style d’écriture est plus qu’agréable et les personnages sont très attachants ; tous les ingrédients sont réunis pour passer un excellent moment !

Un gros coup de coeur pour ce livre

Et vous, avez lu ce livre ? Si la réponse est non, vous savez ce qu’il vous reste à faire 😉

19 réflexions sur “The Sun Is Also A Star de Nicola Yoon

    • J’étais obligée de faire ce parallèle entre notre situation et la sienne, ça m’a tout de suite sauté aux yeux quand j’ai relu ma chronique d’Everything Everything. Et c’est vrai que ce roman est assez spécial en son genre, surtout que le dénouement final laisse à désirer. Donc je comprends pourquoi ça ne t’a pas plu ^^ Ceci dit, The Sun Is Also a Star est meilleur qu’Everything Everything, je n’avais même pas l’impression que c’était la même auteure qui avait écrit ces deux livres tellement ils étaient différents. Au moins tu auras découvert un livre aujourd’hui 😉

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  1. Ce livre ne m’a jamais vraiment intéressé, parce qu’il était tellement sur tous les réseaux sociaux que ça ne m’a pas donné envie de le découvrir. Mais maintenant qu’on en parle plus tellement et que ton avis est super enthousiaste, je me tâte vraiment à me le procurer aussi en anglais!
    Merci pour cette chronique 🙂

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    • C’est vrai qu’il y eu un tapage médiatique autour de ce livre à sa sortie, et c’est notamment pour cette raison que je ne l’ai pas lu tout de suite (perso, quand on parle trop d’un livre, je n’aime pas le lire tout de suite car il y a une sorte de pression, tu te sens obligée d’aimer. Et tu en attends beaucoup plus de l’histoire, du coup tu es aussi plus facilement déçue…) Mais l’histoire est franchement super, donc tu peux foncer 😉
      De rien !

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    • Effectivement le suspense n’est pas à son comble, mais je n’ai pas pour autant trouvé l’histoire si prévisible : je me serais plus attendue à une fin très happy end où Natasha ne repart pas dans son pays natal. Et j’ai donc été (un peu) surprise vers la fin. Mais c’est clair que cette fin n’était pas du tout un cliffhanger, et que j’aurais pu m’y attendre car des indices étaient semés un peu partout dans le roman ^^ Mais je crois que je me suis laissée avoir par l’auteure, parce qu’elle laissait croire que Natasha serait tirée d’affaire avec son rendez-vous avec l’avocat.

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