Synopsix d’Angélina Delcroix

Résumé :

Un manoir se dresse dans la neige, majestueux malgré les dommages du temps qui passe. Mais ses lourdes portes ne dissimulent plus son macabre secret : six cadavres pour six scènes de crime.

Quelques semaines plus tôt, Mallory reçoit une étrange proposition par mail : devenir l’un des six participants à un jeu très confidentiel. Le challenge : se glisser dans la peau d’un enquêteur de la police scientifique pendant un mois, avec à la clé 100 000 euros de récompense.

Pour la jeune femme, c’est l’occasion rêvée d’échapper à son travail de serveuse et surtout à sa patronne qu’elle ne supporte plus. Au fil des énigmes de la phase de qualification, Mallory se prend au jeu. Quand elle se réveille un jour après avoir été droguée devant cet imposant manoir, elle comprend qu’il est trop tard pour reculer : le jeu ne fait que commencer….

Ce que j’en pense :

J’ai eu envie de découvrir la plume d’Angélina Delcroix suite aux chroniques écrites par Ludivine. Le roman Qui meurt à Noël ? m’intéressait particulièrement mais ma bibliothèque ne le possédait pas. J’ai alors jeté mon dévolu sur Synopsix, dont la couverture m’a envoûtée. Le jeu de mots entre « synopsis » et « six » dans le titre a également retenu mon attention.

On est plongé dans l’épouvante dès le début du récit : six cadavres ont été retrouvés dans un manoir abandonné. « Nous sommes aujourd’hui face à un drame sans précédent », annonce la journaliste à la télévision.

Angélina Delcroix nous emmène dès lors dans le passé pour retracer l’ensemble des événements ayant conduit à ces crimes. On fait rapidement la connaissance de Mallory, une serveuse aigrie qui reçoit un mail pour participer à un jeu. Celui-ci consiste à mener des enquêtes sur des scènes de crimes fictives. Le gagnant perçoit 100 000 euros de récompense.

En quête de sensations fortes, Mallory s’inscrit à ce challenge, tout comme cinq autres candidats. Après avoir percé diverses énigmes, les six participants atterrissent dans un manoir abandonné les uns après les autres. Et le cauchemar commence.

En effet Mallory et ses compagnons d’infortune comprennent vite leur erreur : ils ne sont pas dans un jeu mais dans un guet-apens.

En quoi consiste réellement le jeu? [Mallory] réalise qu’elle s’est jetée dans la gueule du loup sans connaître ni la gueule ni le loup.

Les péripéties s’enchaînent alors. Entre mystères à résoudre, terreur nocturne et relations humaines tendues, les personnages sont plongés en plein enfer.

Un huis-clos immersif et étouffant

L’histoire est assez longue à se mettre en place : l’arrivée de Mallory au manoir intervient tardivement, par exemple. Avant tout, Angélina Delcroix prend le temps de poser le décor et d’immerger le lecteur. On a vraiment l’impression de suivre Mallory dans sa vie quotidienne puis de partager son angoisse quand elle essaie de survivre.

Certains lecteurs pourraient s’ennuyer face à cette accumulation de détails, jugeant l’intrigue trop lente à s’installer. Mais de mon côté je n’ai ressenti aucune longueur ; les courts chapitres confèrent un rythme dynamique au récit. J’ai de plus apprécié l’ambiance que l’auteure instillait au fil des pages.

Grâce aux multiples descriptions, je me suis facilement représentée le manoir dans lequel les personnages évoluaient. La vétusté des lieux m’a frappée, de même que les phénomènes étranges qui s’y déroulaient la nuit.

Angélina Delcroix fait effectivement appel à nos cinq sens, comme l’ouïe et la vue, pour nous emmener dans son histoire. On entend avec les protagonistes des cris de terreur, masqués par le sifflement strident du vent. On sent le malaise de Mallory et des autres, leur forte angoisse et les doutes qui surgissent. La tension monte crescendo, laissant présager une terrible fin.

On est loin de la télé-réalité bidon qui exaspère Mallory, mais dans une pure réalité qui vient déclencher des peurs qu’elle préférerait ignorer.

Le pseudo-jeu organisé se base en outre sur des affaires criminelles réelles. Cela rajoutait ainsi une touche de glauque au récit.

Un flirt avec l’horreur

Comme vous l’aurez compris, l’histoire a un côté macabre assez prononcé. J’avais peur de ne pas l’apprécier car les romans d’horreur ne sont habituellement pas ma tasse de thé. Heureusement Angélina Delcroix ne montre pas toutes les atrocités commises : elle les suggère à la place. Et, dans un sens, cela leur donne encore plus de poids.

J’ai par ailleurs été sensible à la détresse de Mallory, qui est tellement bouleversée par ce qu’elle vit qu’elle confond ses rêves et la réalité.

Elle patauge dans un monde qu’elle connaît et qui lui fait horreur. Celui qui enferme l’esprit dans des songes qui ont revêtu l’aspect de la réalité. Celui qui nous convainc que nous sommes éveillés, mais que rien ne se passe comme il le faudrait. Celui qui nous fait tendre le bras vers la lumière sans jamais qu’elle ne s’allume. Celui qui nous met face à nos peurs sans jamais laisser les cris sortir de nos bouches. Celui qui nous laisse l’espoir au bout d’un moment d’en être sortis, mais qui nous fait comprendre à la dernière seconde qu’il nous tient encore et que ce n’était qu’un faux réveil. Que ce n’était qu’un tiroir dans un autre tiroir.

Cet entremêlement entre songe et réalité est présent tout au long de la lecture. L’auteure nous invite alors à éprouver les sensations de Mallory. Face aux pires immondices, il lui reste le déni.

Se détacher de l’horreur pour ne pas y plonger. Ignorer l’évidence pour repousser la nausée.

Ce travail effectué sur la psychologie des personnages est très réussi. Angélina Delcroix est psycho-praticienne et cela se ressent dans sa manière d’écrire. Une grande place est accordée aux émotions des protagonistes et à la manière dont ils géraient cette crise.

Pour conclure je suis ravie d’être sortie de ma zone de confort avec ce livre. J’ai été happée par le destin funeste de Mallory de la première à la dernière ligne. La fin vaut également le détour, malgré un trop-plein de révélations. Si vous aimez les thrillers très bien écrits et descriptifs, ce livre est fait pour vous !

Connaissez-vous Angélina Delcroix ?