La servante écarlate, tome 2 : Les testaments de Margaret Atwood

couv49271176Résumé :

Quinze ans après les événements de La Servante écarlate, le régime théocratique de la République de Galaad a toujours la mainmise sur le pouvoir, mais des signes ne trompent pas : il est en train de pourrir de l’intérieur.
A cet instant crucial, les vies de trois femmes radicalement différentes convergent, avec des conséquences potentiellement explosives. Deux d’entre elles ont grandi de part et d’autre de la frontière : l’une à Galaad, comme la fille privilégiée d’un Commandant de haut rang, et l’autre au Canada, où elle participe à des manifestations contre Galaad tout en suivant sur le petit écran les horreurs dont le régime se rend coupable. Aux voix de ces deux jeunes femmes appartenant à la première génération à avoir grandi sous cet ordre nouveau se mêle une troisième, celle d’un des bourreaux du régime, dont le pouvoir repose sur les secrets qu’elle a recueillis sans scrupules pour un usage impitoyable. Et ce sont ces secrets depuis longtemps enfouis qui vont réunir ces trois femmes, forçant chacune à s’accepter et à accepter de défendre ses convictions profondes.

Ce que j’en pense :

Ce tome m’a beaucoup plu. J’approuve totalement le choix du moment de l’histoire (le début du déclin de Galaad) et l’entremêlement des récits est tout particulièrement réussi.

lien avec tome 1

Tous les personnages sont liés de près à ceux du tome 1. Je pensais que les personnages allaient être totalement différents, donc j’ai été surprise, notamment par les liens de parenté d’Agnes et ceux de Daisy. C’est normal qu’il y ait des évocations et des liens avec le premier livre vu que c’est sa suite, mais là ça m’a tout spécialement impressionnée car tout s’emboîte parfaitement. Margaret Atwood ne comptait pas faire de suite au départ, pourtant celle-ci est parfaitement adaptée. Tout colle et il n’y a pas d’incohérence.

Ensuite, le tome 1 s’est beaucoup attardé sur la vie des servantes écarlates et n’avait que peu évoqué le mariage. Ce fut donc un plaisir de découvrir comment s’organisaient les mariages dans ce tome 2. Je n’ai pas été surprise, mais j’ai éprouvé de la compassion pour les filles qu’on a voulu marier de force. D’ailleurs, pour ceux qui ont lu ce second livre, vous remarquerez que c’est en quelque sorte à cause du mariage forcé que Galaad va décliner, puisque les filles les plus téméraires (comme Agnes et Becka) vont essayer de trouver une alternative au mariage en devenant Tante et en accédant au savoir.

galaad suite et fin du régime

Ce tome m’a tout particulièrement plu car il se situe à une date charnière dans l’histoire de Galaad (Gilead, selon la traduction du premier tome). Le premier livre nous faisait voir le début de la dictature et son apogée ; celui-ci nous montre son déclin et sa très probable fin. J’ai pris beaucoup de plaisir à me replonger dans cet univers dictatorial et à mesurer le chemin parcouru depuis la création du régime jusqu’à l’époque à laquelle se déroule l’histoire.

Je tiens notamment à souligner l’importance du moment pour le régime. J’ai apprécié que l’auteure ne nous propulse pas en pleine révolution contre Galaad mais qu’elle tente plutôt de nous montrer comment le régime décline. C’était beaucoup plus subtil et pertinent. De surcroît, c’était très intéressant de voir les différentes étapes menant la théocratie à sa destruction et tous les facteurs entrant en compte.

lydia

Le personnage que j’ai été le plus ravie de suivre au vu du tome 1, c’est Lydia. Lydia est une Tante, c’est à dire qu’elle s’occupe de l’éducation des jeunes filles et est l’une des rares femmes à avoir accès au pouvoir. En d’autres termes, elle fait partie de l’élite du régime. Dans le tome 1 elle est dépeinte comme un personnage machiavélique et fanatique par Defred. Ce roman-ci a donc été l’occasion pour Margaret Atwood de revenir sur son passé.

Au final, je me suis attachée à son personnage car elle ne fait que survivre. Elle nous explique comment elle en est arrivée là et quels sont ses objectifs. Donc derrière sa façade j’ai pu entrevoir une personne acculée qui a fait un choix, comme Defred.

Defred a fait le choix de s’enfuir au Canada mais elle a été rattrapée ; Tante Lydia a fait le choix de servir le régime pour sauver sa peau. Ces deux personnages se ressemblent au fond, et je ne pensais pas que l’auteure ferait passer Tante Lydia pour une victime mais elle l’a fait avec succès. Cette citation résume d’ailleurs toute la complexité de cette Tante, qui n’aspire qu’à vivre :

Ma vie aurait pu être très différente. Si seulement j’avais regardé autour de moi, cherché à avoir une vision globale. Si seulement j’avais bouclé mes bagages en temps et en heure, comme certaines, et quitté le pays – ce pays que sottement je croyais encore être celui qui avait été le mien pendant si longtemps. De tels regrets ne servent à rien. J’ai fait des choix et, après, j’en ai eu moins. Deux routes divergeaient dans un bois jaunissant, et j’ai pris la plus fréquentée. Elle était jonchée de cadavres, comme le sont de telles routes. Mais, tu l’auras remarqué, le mien n’y est pas encore.

récits entremeles

L’un des gros points forts de ce tome, c’est l’entremêlement des récits. Au début, nous suivons trois personnages : Tante Lydia, Agnes et Daisy, chacune d’entre elles étant issues d’un milieu social et politique différent. J’ai déjà parlé de Tante Lydia, donc je vais tout de suite enchaîner avec Agnes.

Agnes m’a touchée dès la première page. Elle est la fille d’un Commandant réputé et est donc une privilégiée. On va connaître les drames de sa vie et voir comment elle perçoit Galaad, son pays, et les servantes écarlates (avec celle que sa belle-mère a « embauchée »). Son regard est totalement typique, elle croit tout ce que raconte le régime, vu qu’elle n’a rien connu d’autre que l’oppression du pouvoir. C’est justement très intéressant de la suivre dans ses « quêtes » car elle va réussir à penser par elle-même, s’affranchir, et se retourner contre Galaad.

Le personnage qui m’a le moins plu au niveau du caractère est celui qui va le plus révolutionner l’histoire. C’est Daisy. Certes elle est trop belliqueuse et insolente, mais elle va jouer un rôle fondamental dans la chute de Galaad. Daisy vit au Canada et n’a jamais mis les pieds à Galaad, donc son comportement par rapport aux femmes de là-bas est carrément grotesque. Certaines situations étaient d’ailleurs burlesques car Daisy ne connaît pas les codes sociaux spécifiques au régime américain : ça m’a fait sourire quelques fois. Le truc qui m’a le plus marquée, c’est que Daisy défend les mêmes valeurs que nous : la liberté, l’égalité des femmes, …. C’était un peu comme si elle était l’emblème de notre société occidentale actuelle.

Les récits d’Agnes, Daisy et Tante Lydia démarrent séparément mais ne tardent pas à se rejoindre. J’ai beaucoup aimé ce parallélisme et les rencontres entre les personnages, en particulier celle entre Daisy et Agnes. C’est comme si il y avait trois fils conducteurs qui fusionnent pour n’en faire plus qu’un. C’est assez stimulant comme construction romanesque. 

On peut donc dire que j’ai aimé cette suite, je ne l’ai pas trouvé bâclée : elle est à la hauteur du tome précédent. J’ai même trouvé qu’il y avait un peu plus d’action, on était moins dans la description vu qu’on est déjà supposé connaître les tenants et les aboutissants du récit.

Une lecture qui a frôlé le coup de coeur

Et vous, avez-vous lu ce second tome ?

couv19126740
Chronique du tome précédent

5 réflexions sur “La servante écarlate, tome 2 : Les testaments de Margaret Atwood

    • Je n’ai pas vu la série, mais ce que je peux te dire, c’est que dans ce deuxième tome il y a moins de descriptions (donc moins de longueurs) et que la lecture était plus agréable car la traduction était moins lourde, plus accessible (c’est en tout cas l’impression que j’ai eue). Ce n’est que mon avis, mais je pense que tu pourrais éventuellement l’emprunter (si tu le peux) et essayer de lire le début pour voir 🙂

      Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire