Fight club de Chuck Palahniuk

couv35877400Résumé :

« Laisse-moi te parler de Tyler. Tyler dit : les choses que tu possèdes finissent toujours par te posséder. C’est seulement après avoir tout perdu que tu es libre de faire ce dont tu as envie. Le fight club t’offre cette liberté.

Première règle du fight club : Tu ne parles pas du fight club. Deuxième règle du fight club : Tu ne parles pas du fight club. Tyler dit que chercher à s’améliorer, c’est rien que de la branlette. Tyler dit que l’autodestruction est sans doute la réponse. »

Ce que j’en pense :

Ce livre m’a marquée, je ne compte pas l’oublier de sitôt. Le style d’écriture est très particulier, mais les thèmes soulevés et l’histoire en elle-même sont remarquables.

Ce livre est cependant moins connu que le film. Pour ma part, j’ai lu ce livre sans a priori particulier puisque je n’avais pas visionné l’adaptation cinématographique. Peut-être la regarderai-je un jour car elle a aussi l’air pas mal du tout.

« Une métaphore acide et jubilatoire d’un monde au bord du chaos »

« Nous n’avons pas de grande guerre dans notre génération, ni de grande dépression, mais si, pourtant, nous avons bien une grande guerre de l’esprit. Nous avons une grande révolution contre la culture. La grande dépression, c’est nos existences. Nous avons une grande dépression spirituelle.
Il faut que nous montrions à ces hommes et à ces femmes la liberté en les réduisant à l’esclavage, que nous leur montrions le courage en leur faisant peur. »

Dans ce roman, l’auteur dépeint le monde des années 1990 et sa totale désillusion avec une violence inouïe. Nous suivons le narrateur – dont l’identité demeure floue – dans sa vie quotidienne. Il travaille dans une compagnie automobile et s’occupe des assurances de voiture. Il vit seul et sa caractéristique principale réside dans le fait qu’il est insomniaque. Il fréquente ainsi les groupe de soutien contre le cancer pour se sentir moins seul et avoir « une vraie expérience de la mort » et lui permettre d’affronter son insomnie. Sa vie va alors changer quand il va faire la connaissance de Marla et de Tyler.

La vision du narrateur sur sa vie et son époque m’a beaucoup marquée, parce qu’il considère tout sous un angle pessimiste. Ça m’a d’autant plus ébranlée que j’ai lu sur internet que Chuck Palahniuk a écrit ce livre en se basant sur sa propre expérience : il a obtenu un diplôme de journaliste mais a été obligé de renoncer à ce métier vu le peu d’argent qu’il rapportait (moins de cinq dollars l’heure) ; il est alors devenu mécanicien. C’est un peu sa vie métaphorique qu’il nous raconte dans ce roman, en quelque sorte.

Ce monde dépeint m’a aussi frappée par sa justesse. L’auteur n’exagère rien, l’histoire et le cadre sont totalement vraisemblables. Et c’est aussi cela qui fait peur : savoir que nous vivons dans un monde qui ne tient qu’à un fil. Pour conclure sur ce point-là, je vous laisse avec une autre citation qui m’avait également marquée sur le moment et qui symbolise complètement la désillusion ressentie par le narrateur :

« Nous sommes les enfants de l’histoire, entre aînés et cadets, élevés par la télévision dans la conviction qu’un jour nous serons millionnaires, vedettes de cinéma, stars du rock, mais cela ne se fera pas. Et nous sommes simplement en train d’apprendre ce petit fait. Alors ne déconnez pas avec nous. »

Une philosophie frappante et passionnée

« Tyler dit que je suis loin d’avoir atteint le fond, pour l’instant. Et si je ne dégringole pas complètement, je ne peux pas être sauvé. Jésus l’a fait avec son truc de crucifixion. Je ne devrais pas juste me contenter d’abandonner argent, possessions et savoir. Il ne s’agit pas d’une simple retraite de weekend. Je devrais fuir toute idée de progrès personnels, je devrais au contraire me précipiter au pas de course vers le désastre. Je ne peux plus me contenter de jouer le jeu sans prendre de risques.
Ceci n’est pas un séminaire.
– Si tu perds ton sang-froid avant d’avoir touché le fond, dit Tyler, tu ne réussiras jamais vraiment.
Ce n’est qu’après le désastre que nous pouvons ressusciter.
Ce n’est qu’après avoir tout perdu, dit Tyler, qu’on est libre de faire ce que l’on veut. »

Là encore les idées véhiculées par ce roman sont très brutales. Je n’ai pas été choquée, mais j’ai quand même écarquillé les yeux à plusieurs reprises. Tyler livre effectivement des avis et ordres assez violents, mais en même temps, je le comprends, lui et ses raisons. C’est aussi cette passion qui anime la plume de l’auteur et les personnages que je retiendrai de ma lecture : même si les solutions semblent extrêmes (se détruire pour vivre et être libre), je comprends le point de vue et sa logique implacable. C’est aussi cela que j’ai aimé dans ce roman : tout est à la fois exagéré et tristement réaliste et logique.

C’est avec ce principe d’autodestruction que naît le fight club. Celui-ci permet de se couper du monde quotidien, parce que « peut-être que l’amélioration de soi n’est pas la réponse. Peut-être que la réponse, c’est l’autodestruction. »

Cette philosophie est aussi le résultat du monde désabusé dans lequel vivent les personnages, et on ne peut même pas leur en vouloir de leur comportement destructeur. Celui-ci semble presque normal, en réaction à leur vie. D’autant plus que l’objectif auquel ils souhaitent parvenir est noble, puisque c’est l’amélioration de la civilisation dans son entièreté.

ATTENTION : LA PARTIE SUIVANTE CONTIENT DES SPOILERS. A ne lire que si vous avez connaissance de l’histoire et de sa fin.

Mon interprétation personnelle des personnages

Il y a trois personnages dans ce roman : le narrateur, Tyler et Marla. Au fil de ma lecture et en réfléchissant, je me suis dit que ça pouvait être très intéressant de faire intervenir Freud dans leur interprétation. En effet, je trouve que ces trois protagonistes sont assez représentatifs du Ça, du Moi et du Surmoi. Je m’en suis fait la réflexion vers la fin, quand on apprend que Tyler et le narrateur ne sont qu’une seule et même personne, et que par conséquent il est question de schizophrénie. C’est comme si la narrateur était le Moi. Tyler représente ainsi le Ça, c’est-à-dire toutes les pulsions et instincts auquel il faut faire face et l’envie obscure qui anime le narrateur à longueur de journées. Marla, quant à elle, symboliserait plutôt le Surmoi, celle qui met constamment des limites à ne pas franchir. Marla est comme la conscience du narrateur dans le livre, comme si elle jouait le rôle de miroir.

Sinon, hormis sur cette analyse digne de Freud, je voulais aussi vous parler de la citation ci-dessous, qui m’a marquée. J’ai trouvé cette parole totalement paradoxale mais elle m’a plu car elle est en quelque sorte porteuse d’un message : Marla n’est pas heureuse et est éloignée de la seule chose qui a du sens : la mort (je trouve cela hyper contradictoire, vu que la vie est l’inverse de la mort).

« La philosophie de la vie selon Marla, elle me l’a dit, est qu’elle peut mourir à tout instant. La tragédie de sa vie, c’est quelle ne meurt pas. »

FIN DES SPOILERS

Un style d’écriture assez particulier

Le seul point qui m’a dérangée dans ma lecture, c’est le style d’écriture de l’auteur. Celui-ci est marqué par l’oralité, de telle sorte qu’il est facile de s’y perdre. Ça m’a donc demandé beaucoup de concentration pour comprendre le roman, et c’est assez dommage car ça m’a freinée à plusieurs reprises. Mais, en même temps, j’ai trouvé que cette plume complexe retranscrit plutôt bien les tourments qui agitent le narrateur. Au moins, la plume est au service de l’histoire.

En somme, ça a été une lecture exceptionnelle, bien que ce ne soit pas un coup de cœur. Cette histoire est certes très trash, mais c’est surtout une lecture coup de poing, qui permet de parler de notre monde et de ses enjeux. Je n’ai jamais été aussi ancrée dans la réalité qu’en lisant ce livre. Je vous le recommande chaudement.

Une lecture qui a frôlé le coup de coeur

Voilà pour cet article. Si vous ne connaissez pas l’histoire et que vous voulez creuser plus en profondeur, je vous laisse le lien d’un article trouvé sur Buzz Littéraire (ici). Il ne contient pas de spoilers, et je trouve qu’il résume bien toutes les grandes lignes et thématiques du roman.

2 réflexions sur “Fight club de Chuck Palahniuk

  1. […] J’ai galéré à répondre à cette question, puis Fight Club s’est imposé à moi. En fait ce roman est chaud, car le principe de l’histoire est assez fou. En plus, les personnages, notamment le narrateur, ont une philosophie de vie très hard (l’autodestruction et tout ça). C’est ainsi un roman qui est plutôt spécial, et c’est ce qui le rend chaud. Vous voyez ce que je veux dire ? Ma chronique ici.  […]

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