Le spleen du pop-corn qui voulait exploser de joie de Raphaëlle Giordano

Résumé :

Joy travaille dans une agence de celebrity marketing qui connecte des talents VIP avec de grandes marques. Dans ce monde d’image et de luxe mieux vaut être brillant. Mais Joy ne se sent pas vraiment de talents particuliers et, afin de compenser, elle se met toujours plus de pression. Elle, que son père surnommait enfant son « p’tit pop-corn » tant elle irradiait de gaieté, se retrouve aujourd’hui au bord de l’implosion jusqu’à en développer un toc digital qui lui donne l’illusion de garder le contrôle.

Pour couronner le tout, à la veille de Noël, voilà qu’on lui confie la délicate mission d’organiser l’événement des dix ans de l’agence. C’est là que le destin intervient pour la mettre sur le chemin de Benjamin, jeune entrepreneur plein de vie et d’optimisme. Lui et sa petite troupe ont la joie contagieuse, et cette rencontre va bouleverser Joy dans ses certitudes. Le temps de la « désapplication » serait-il venu ?

Mais attention, car un pop-corn qui éclate, ça fait du bruit. Beaucoup de bruit…

Ce que j’en pense :

J’ai découvert ce roman suite à la chronique de Camille du blog Les Paravers de Millina. L’enthousiasme de Camille et la couverture colorée du livre ont fini par me convaincre. Et j’ai passé un moment agréable en compagnie de Joy.

Joy, un personnage en quête de sa joie perdue

Joy, 34 ans, n’est pas épanouie dans sa vie. Celle que son père surnommait « mon p’tit pop-corn », en référence à sa joie et à sa légèreté, n’est plus que l’ombre d’elle-même. Dès le début du roman, elle nous évoque son complexe.

Je me demande parfois : « Suis-je quelqu’un ? » Quelqu’un oui. Mais ordinaire. Une personne lambda. Cette pensée m’est insupportable. Il faut pourtant bien se rendre à l’évidence : je n’ai aucun talent particulier. Je ne suis pas spécialement jolie. Pas moche non plus. Mais pas franchement jolie. (…) Alors depuis trente-quatre ans, je cours. Je cours pour compenser mes manques. Je cours pour donner le change. Pour donner l’illusion que je suis mieux que ce que les autres pourraient penser…

Pour compenser ce supposé manque de talent, Joy se met constamment la pression. Et l’on comprend vite que sa volonté de toujours bien faire, de s’excuser tout le temps et de dire oui à tout est négative…

La jeune femme est montée à Paris pour travailler dans une agence de luxe. Elle n’a pas d’amis, son seul lien social étant son travail. Mais ses collègues sont très toxiques, je pense que l’on pourrait même parler de harcèlement moral. Ils sont tellement exécrables avec Joy que celle-ci a inventé des surnoms dans sa tête pour les désigner.

VIP, qui lui lâche des commentaires désobligeants, est surnommée VIP, pour « Very Immoral Person ». Le stagiaire de Joy, bon à rien faire, est quand à lui appelé le BGBC, c’est-à-dire « le beau gosse bras cassé ». Ces surnoms mordants ajoutent une touche d’humour appréciable au roman.

La situation au travail est ainsi catastrophique pour Joy, d’autant plus qu’elle croule sous les dossiers à boucler. Et, sur le plan amoureux, ce n’est pas mieux. Joy a une aventure avec son patron, qui est marié. Elle attend des engagements de sa part, mais il n’a pas l’air disposer à lui accorder plus de temps ou de considération.

Pour gérer toute cette pression, la jeune femme a développé un toc digital. Elle installe sur son téléphone des applications pour gérer son temps, son sommeil ou encore sa charge mentale. Et cela devient compulsif.

Elle rencontre Benjamin dans le cadre d’une de ses missions consistant à organiser un événement pour les dix ans de son agence. Cet homme, qui profite de la vie et est en adéquation avec ses valeurs, va lui apprendre à lâcher prise.

Un roman feel-good

Le spleen du pop-corn qui voulait exploser de joie est avant tout le récit d’une transformation. Au contact de Benjamin, Joy va retrouver sa joie de vivre et s’affirmer au travail. Cette métamorphose, qui constitue le cœur du roman, m’a beaucoup plu. Cela faisait du bien au moral et je pense que de nombreux lecteurs pourront se reconnaître dans la situation de la jeune femme, qui est au final assez commune.

Contrairement à Ta deuxième commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une et à Cupidon a des ailes en carton, ici on a plus affaire à un roman qu’à un ouvrage de développement personnel. Celui-ci est présent dans l’histoire mais en arrière-plan. J’ai trouvé ce mélange assez convaincant.

Cependant, malgré le fait que ce soit davantage un roman, le style de l’auteure reste assez clinique. Il n’y a pas beaucoup d’émotions dans les mots employés et je n’ai pas été transportée par l’histoire. C’est un peu dommage, car ça m’a empêchée de m’attacher pleinement à Joy. Une certaine distance nous séparait.

J’ai ainsi passé un bon moment de lecture, même si je n’ai pas été emballée plus que ça. J’ai apprécié suivre la métamorphose de Joy, qui cherche à retrouver sa joie de vivre. Si je ne devais retenir qu’une phrase de ce roman, ce serait sans doute celle-ci : « prendre les choses à cœur, mais pas trop au sérieux ».

Et vous, avez-vous eu l’occasion de découvrir la plume de Raphaëlle Giordano ?

25 réflexions sur “Le spleen du pop-corn qui voulait exploser de joie de Raphaëlle Giordano

    • Oui je l’ai lu, et c’est probablement de là que vient notre divergence de point de vue ! Parce que la narratrice que tu as écouté a sûrement mis les intonations en lisant son texte. Sauf que quand tu lis le livre papier, c’est totalement différent… Le style est neutre ici, et il n’y a personne pour l’interpréter comme dans l’audio :/ Donc j’avais vraiment l’impression que Raphaëlle Giordano diagnostiquait Joy, comme si elle était un médecin ou un psychologue. Tu vois ce que je veux dire ?

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  1. La version BD de  » Ta deuxième commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une » m’a suffit et le roman ne me tente pas plus que ça, dû au côté développement personnel. Mais celui-ci m’intéresse déjà plus, l’histoire est assez cocasse, pourtant comme tu le dis la vie de Joy peut sembler commune, mais j’aime bien ses petites touches d’humour que tu nous cites, comme les surnoms qu’elle donne à ses collègues. Dommage par contre pour l’écriture encore trop neutre de l’auteure qui ne t’a pas offert d’attachement particulier, car l’histoire a l’air sympathique vraiment. Je vais y réfléchir, mais pourquoi pas. 🙂

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    • Tu me rappelles qu’il faut que je découvre cette BD : elle m’intéresse. Ce sera aussi l’occasion de comparer avec le roman 🙂
      Quant à ce livre-ci, j’espère que tu pourras te le procurer facilement. Il pourrait te plaire car je pense qu’on peut facilement se reconnaître dans certains problèmes rencontrés par Joy. Et, comme tu le soulignes, les touches d’humour permettent d’alléger la lecture, malgré certains thèmes abordés. Si tu souhaites le lire, je serais ravie d’avoir ton avis en tout cas ^^

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      • Oh oui, je serais curieuse de savoir ce que tu penses de la BD, en comparaison du roman. 🙂
        Je n’hésiterais pas à te redire si je découvres ce roman-ci en tout cas. En espérant ne pas être trop dérangé par l’écriture de l’auteure du coup. 😊 D’ailleurs, je voulais te remercier car j’ai fini le livre Les enfants sont rois hier, que j’avais découvert grâce à une de tes chroniques. J’ai beaucoup apprécié, le sujet m’a beaucoup touchée, je ne m’attendais pas à suivre l’histoire d’une mère aussi embourbée dans son besoin de reconnaissance et ce que ça a entraine chez ses enfants. Merci beaucoup, j’ai passé un bon moment !

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      • J’adore comparer l’œuvre originelle avec ses adaptations, je trouve cela toujours enrichissant ^^ Je vais regarder si ma bibliothèque possède cette BD en stock.
        J’espère aussi que tu ne seras pas trop dérangée par ce style… Tu auras la surprise si tu découvres l’histoire 😉
        Et je suis super contente que tu aies adoré Les enfants sont rois 🥰 Effectivement je me rappelle avoir écrit une chronique dessus l’été dernier, et je suis ravie que tu te sois laissée tenter !! J’irai lire ta chronique avec plaisir, d’ailleurs ^^

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      • J’espère que tu la trouveras alors cette BD. 😊
        Pour Les enfants sont rois, j’ai écrit ma chronique, je ne sais pas quand je la publierais car j’ai encore d’autres livres en brouillons. Mais je peux déjà te dire que j’ai dû me restreindre en écrivant, il y a tellement de choses à dire sur ce livre ! 😁 Je n’avais jamais pensé à tout ce que pouvait engendrer le statut d’enfant influenceur, et c’est assez effrayant de voir la pression qu’ils peuvent vivre pour être reconnus. Vraiment merci, car sans ta chronique, je serais certainement passé à côté d’un sujet super intéressant ! 🙂

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      • Elle est disponible dans une bibliothèque près de mon université. Alors à la rentrée, en septembre, j’irai y faire un tour, en espérant que le livre sera encore là 😁
        Oh, tu aurais pu écrire une longue chronique, pour ne pas te restreindre. On t’aurait quand même lue jusqu’au bout 😉 Mais c’est vrai que la chronique de ce livre est compliquée à écrire. On a envie de dire plein de choses à la fois, de se révolter contre cette société du voyeurisme et nos propos peuvent vite s’éparpiller… J’ai hâte de lire ton article ceci dit, je suis sûre qu’il rendra parfaitement justice au roman. Et je te rejoins totalement sur ce que tu dis ensuite. Moi non plus je n’avais jamais pensé à tout ce que le statut d’enfant-roi impliquait, et ce livre a été comme une prise de conscience. Le pire, c’est que Delphine de Vigan décrit la stricte réalité dans son récit… Ce n’est pas comme si elle exagérait les choses.
        Et de rien, ça me fait plaisir d’avoir pu te faire découvrir ce roman qui est vraiment passionnant !!

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      • Oh merci c’est vraiment gentil. 😉😊 J’en ai dit déjà pas mal, mais je laisserais nos amis blogueurs se faire une idée si il le découvre aussi après ça. 🙂 Mais tu as raison, le pire c’est le réalisme avec lequel elle décrit cette situation. Tu parlais d’ailleurs des références à notre culture dans ta chronique (j’en ai parlé aussi dans la mienne), et c’est quelque chose que j’ai trouvé vraiment bien utilisé car ça rend l’histoire tellement plus concrète, tellement plus proche de notre quotidien. Et après avoir fait des recherches sur Internet, sur Youtube surtout, après la lecture, j’étais surprise de voir à quel point tout était si ressemblant à ce qu’elle décrit. Alors je te rejoins complétement, elle n’exagère rien !

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