Cupidon a des ailes en carton de Raphaëlle Giordano

Résumé :

Meredith aime Antoine. Éperdument. Mais elle n’est pas prête. Comédienne en devenir, ayant l’impression d’être encore une esquisse d’elle-même, elle veut éviter à leur histoire de tomber dans les mauvais pièges de Cupidon. Alors, il lui faut se poser les bonnes questions : comment s’aimer mieux soi-même, aimer l’autre à la bonne distance, le comprendre, faire vivre la flamme du désir ? Meredith pressent qu’avec ce qu’il faut de travail, d’efforts et d’ouverture, on peut améliorer sa capacité à aimer, son « Amourability ».

Son idée ? Profiter de sa prochaine tournée avec sa meilleure amie Rose, pour entreprendre une sorte de « Love Tour ». Un tour du Moi, un tour du Nous, un tour de l’Amour.

Aussi, afin de se préparer à vivre pleinement le grand amour avec Antoine, elle doit s’éloigner. Prendre le risque de le perdre pour mieux le retrouver. Ils se donnent 6 mois et 1 jour. Le compte à rebours est lancé, rythmé par les facéties de Cupidon.

Meredith trouvera-t-elle ses réponses avant qu’il ne soit trop tard ?

Ce que j’en pense :

L’été dernier, j’avais lu Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une, de Raphaëlle Giordano. Et j’avais adoré ma lecture, ainsi que les messages délivrés par l’auteure (ma chronique se trouve juste ici pour les curieux). En allant à la bibliothèque la dernière fois, j’ai donc voulu emprunter un autre livre de Raphaëlle Giordano et, après moult hésitations, j’ai jeté mon dévolu sur Cupidon a des ailes en carton. Le titre m’intriguait pas mal, en plus ^^ Et je ressors finalement assez perplexe de ma lecture. D’un côté j’ai bien aimé, mais d’un autre côté la forme de l’histoire (à moitié entre roman et développement personnel) m’a perturbée… C’est ce point-là qui m’a le plus marquée, alors c’est par lui que je vais commencer ma chronique :

Un livre à mi-chemin entre l’histoire romanesque et le développement personnel

Après mon expérience avec Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une, je m’attendais à lire un récit explicatif. Et, effectivement, l’histoire prend des airs de démonstration. L’ensemble du livre est structuré, en parties claires, et chaque pensée est exprimée de manière limpide. Jusque-là je n’ai rien à redire : j’y ai trouvé mon compte.

Mais ce qui m’a embrouillée, c’est que Raphaëlle Giordano utilise quand même les ressources du récit, beaucoup plus que dans Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une. Par exemple, tout au long du récit, nous alternons les points de vue, entre ceux de Meredith, de son amoureux Antoine et de sa meilleure amie Rose. Et il y a toute une mise en scène romanesque derrière, avec des personnages qui font des machinations secrètes, par exemple (c’est comme s’il y avait une intrigue importante en arrière-plan). Ça m’a donc troublée, parce que je ne savais pas trop ce que je lisais : ce livre est-il un roman, ou un récit de développement personnel ? Je me suis posée la question tout au long de ma lecture, et cela m’a frustrée. Ce mélange entre deux genres différents m’a donc laissée coite, et peut-être retrouverez-vous cette ambiguïté dans la suite de ma chronique. D’ailleurs si vous avez lu ce bouquin, je serais ravie de savoir ce que vous avez pensé de la forme ! Vous a-t-elle aussi perturbé, ou vous êtes passé outre ?

Mais un livre ne se réduit pas à sa seule forme : le contenu compte tout autant, si ce n’est plus ^^

Meredith, une femme attachante

Meredith est le personnage principal de ce roman. Elle est une artiste, une comédienne plus précisément, et est en couple avec un homme génial, Antoine. Pourtant, elle a le sentiment que rien ne va : on comprend très vite (dès les premières lignes) qu’elle a une faible estime d’elle-même, et ne se sent pas à la hauteur d’Antoine. Elle a, comme je l’ai tout de suite compris, le syndrome de l’imposteur :

Peur d’être démasquée dans la réalité de « mon vrai Moi », sûrement décevant, qu'[Antoine] se détourne et me quitte. L’éternel syndrome de l’imposteur. Scénario négatif qui passe en boucle dans ma tête : pour l’instant il m’aime – j’ai réussi à faire illusion -, mais c’est sûrement parce qu’il n’a pas encore vu mes défauts et tout ce qui ne va pas chez moi. M’aimera-t-il encore lorsqu’il aura découvert mes zones d’ombre ?

Je me suis identifiée à elle et à ce qu’elle ressentait : elle a mis exactement les mots sur certains de mes maux. Et le style clinique de l’auteure m’a aussi beaucoup plu : dans ce passage par exemple, c’est Meredith qui note sur une feuille de papier toutes les peurs et insécurités qu’elle a. Pourtant, derrière elle, c’est Raphaëlle Giordano qui met des mots clairs et percutants sur le mal-être de Meredith. Et cette présence cachée de l’auteure tout au long du roman m’a marquée.

Pour en revenir à Meredith, elle va décider de faire un Love Tour, loin de son amoureux, afin de développer son « amourabilitity » (c’est-à-dire sa capacité à aimer). Et j’ai adoré suivre Meredith dans sa tournée, et faire tout pour tenter d’analyser d’où vient son manque de confiance en elle. Au fil des rencontres, et avec son amie Rose, elle va enfin apprendre à s’aimer elle-même, avant d’aimer les autres. Et cette idée selon laquelle il faut être bien avec soi-même pour commencer une relation est prédominante dans le récit.

Meredith a donc été pour moi plus qu’un simple outil de démonstration, comme l’était Camille dans Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une : je l’ai trouvée plus consistante, mais peut-être que cette appréciation dépend de chacun.

Par contre, les autres personnages m’ont beaucoup moins plu. A vrai dire, je les ai tous trouvés excentriques à leur manière, et je n’ai pas vraiment compris pourquoi l’auteure a choisi de représenter des personnalités aussi extravagantes…

Un développement convaincant

C’est toute une vision de l’amour qui est exposée dans ce livre. Je ne souhaite pas trop vous en révéler, mais sachez que ce thème est développé en trois parties distinctes : l’amour de soi, l’amour en couple et l’amour lié à l’accomplissement personnel, à l’autoréalisation. Et j’ai adoré la manière dont l’auteure amenait ces sujets. Il y a par exemple quelques allégories, comme Madame Peur, qui se matérialise et pousse Meredith à réagir. Toutes ces images m’ont beaucoup plu, bien que cela rendait le roman plus abstrait par la même occasion.

Beaucoup de conseils sont d’ailleurs donnés tout au long de notre lecture, et j’ai totalement accroché avec la vision de Raphaëlle Giordano. On peut être d’accord ou pas, cela dépend de chacun, mais dans le fond j’ai trouvé que ses propos sonnaient assez justes. Par le biais de son personnage Meredith, elle montre qu’avant d’aimer l’autre il faut s’aimer soi-même, que la flamme amoureuse doit tout le temps être entretenue pour éviter l’usure etc. Elle revient également sur l’amour fusionnel, cette idée que chaque personne doit trouver sa moitié :

Si l’amour est aveugle, c’est principalement sur une pire chimère : celle de l’impossible fusion. Malheur à qui croit chercher sa moitié. La pire utopie et la plus dévastatrice. Le 1 + 1 = 1 n’existe pas. La fusion ne conduit qu’à l’impasse de la dépendance. La maison des amours heureuses n’a presque pas de murs et des fenêtres toujours ouvertes.

Dans un sens j’ai l’impression que c’est toute une vision romantique de l’amour qui est démystifiée dans le récit. L’auteure nous enjoint ainsi à garder les pieds sur terre, et son réalisme est appréciable. J’ai particulièrement aimé l’évolution de Rose à cet égard : la meilleure amie de Meredith est sur des sites de rencontre, en attendant de rencontrer LE mec de ses rêves. Pourtant, la désillusion gagne du terrain, Rose désespère et l’on se rend compte que sa façon de voir l’amour est complètement faussée : le prince charmant n’existe pas. Je ne vous révélerai pas la fin, bien qu’elle soit prévisible à mon goût, mais la moralité de toute cette histoire est belle.

De manière plus concrète, à la fin du livre se trouve le Love Organizer de Meredith, avec tout un tas d’exercices que l’on peut réaliser soi-même à la maison. A la fin de Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une il y avait aussi une sorte de mémo et ça me plaît : on a de la matière à réfléchir.

Au final, quand je me relis, je me rends compte que j’ai vraiment beaucoup aimé ma lecture. J’ai eu du mal avec le style de l’histoire, qui oscillait entre fiction romanesque et roman à thèse sur l’amour, mais dans le fond le récit a été très agréable à lire, et il m’a permis d’engager une petite réflexion sur l’amour et ses différentes facettes.

J’ai préféré Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une car les thèmes abordés m’ont mieux correspondue ; je l’ai de plus lu au moment où j’en avais le plus besoin. Cependant, je vous recommande Cupidon a des ailes en carton si vous avez envie de réfléchir autour de l’amour, que ce soit l’amour de soi ou dans le couple. Ce livre propose des pistes de réflexions assez concrètes.

Et vous, avez-vous lu Raphaëlle Giordano ? Que pensez-vous des livres de développement personnel ?

14 réflexions sur “Cupidon a des ailes en carton de Raphaëlle Giordano

  1. Hello! J’ai lu son premier roman et mon avis était très mitigé. Beaucoup trop de choses surréalistes…et puis je crois que tout simplement, je n’apprécie pas ce genre : un roman avec du DP dedans. Pour moi, soit c’est l’un, soit c’est l’autre.
    J’aime les livres de développement personnel, j’en lis de temps en temps. Mais avec parcimonie car cela peut devenir dangereux et on peut finir par s’y perdre à trop vouloir introspecter 🙂

    Aimé par 1 personne

    • C’est vrai que l’histoire de son premier roman n’était pas très réaliste. Mais pour ma part j’ai très vite vu ce livre comme un outil de développement personnel et non comme une histoire avec une intrigue etc. Mais je comprends que ça puisse déranger (la preuve, ça m’a déjà plus dérangée dans Cupidon a des ailes en carton 😀). D’ailleurs je suis contente de parler de tout ça avec toi, tu es la première personne à me dire que tu n’as pas entièrement aimé son premier roman !
      Sinon je suis d’accord avec le reste de ton propos : le DP c’est bien de temps pour temps, quand on est curieux de découvrir des choses sur soi-même. Ce sont des lectures feel-good, mais il ne faudrait pas croire qu’en lire va radicalement changer ta vie, ce n’est pas vrai… Et je dévie peut-être un peu du sujet, mais l’idée que le positif attire du positif, qu’il faut sans cesse voir les choses du bon côté (c’est ce que Raphaëlle Giordano démontre dans ses livres) peut vite devenir néfaste. Ça ne sert à rien de brider ses émotions et de se forcer à rester optimiste, ça peut faire culpabiliser les lecteurs de ne pas se sentir bien…

      Aimé par 1 personne

      • Mais ouii à chaque fois que je dis que je n’ai pas aimé son roman et que je ne lirai pas les autres, les gens me regardent comme une extraterrestre! LOL! Je trouve qu’elle surfe sur la vague du DP et ça me gêne un peu. Bon du coup, avec elle, plein d’autres en ont sorti et vraiment je n’aime pas ce mélange. Pour la dernière partie de ton commentaire, je suis entièrement d’accord. La quête du BONHEUR ça va 5 min. Et d’abord c’est quoi le bonheur? On a pas tous la même vision de celui-ci! Aujourd’hui, j’accepte mes écarts de conduite et je réfléchis à comment faire mieux sa

        Aimé par 1 personne

      • C’est clair qu’elle surfe sur la vague du DP, pour reprendre ton expression… C’est pour ça qu’il faut savoir faire la part des choses. La lecture peut faire du bien mais il faut aussi pouvoir prendre un peu de recul. Personnellement j’aime beaucoup ses livres, mais je les lis surtout comme un divertissement, et je n’en fais pas ma ligne de conduite. Car tu as raison, le bonheur, la réussite sont propres à chacun et on n’a pas tous la même définition !

        Aimé par 1 personne

  2. J’ai souvent entendu parler de « Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une », il avait eu un beau succès il me semble, mais je n’ai jamais découvert cette auteure. Je trouve ca toujours surprenant de lier roman et développement personnel, mais l’idée est sympathique. On fait d’une pierre, deux coups. 🙂

    Aimé par 1 personne

    • Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une est l’un de ses livres les plus connus 😀 C’est vrai que je n’ai jamais lu de chroniques de romans de développement personnel sur ton blog, mais qui sait ? Peut-être que tu en liras un de ces jours 😉

      Aimé par 1 personne

      • En effet, j’ai du en lire deux ou trois en tout et pour tout 🤭 j’ai chroniqué « Quand la reine chante, les abeilles dancent » de Véronique Maciejak l’année dernière, mais c’est le seul présent sur le blog effectivement. 😇 J’avais bien aimé d’ailleurs malgré que le roman s’adresse surtout aux parents qui ont besoin de relâcher la pression (je n’ai pas d’enfant alors je n’étais pas la meilleure cible). Mais j’avais passé un joli moment, c’était attendrissant. 😊 Peut être que je retenterais l’expérience oui, pour lâcher un peu mes thrillers, ça fait du bien parfois. 😁

        Aimé par 1 personne

      • Je viens de lire ta chronique, effectivement c’est un livre sympa… Mais surtout pour les parents, toi tu n’as pas dû trop y trouver ton compte… La prochaine fois (quand tu feras une pause entre deux livres de Lisa Gardner 😁) tu pourras tenter un autre de ces livres, mais avec une thématique qui t’intéresse plus/te concerne !

        Aimé par 1 personne

      • Entre deux romans noirs oui, ça ne me ferait pas de mal un peu de légèreté ! 🤭 Mais bizarrement même si celui de Veronique Maciejak était destiné au parents, j’en garde tout de même un joli souvenir, les personnages étaient vraiment attachants et on sentait leur besoin de se reconnecter avec leurs propres sentiments. 😊 Peut-être que je testerais un roman de Raphaëlle Giordano pour une prochaine lecture de ce genre. 😊

        Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire