Il est grand temps de rallumer les étoiles de Virginie Grimaldi

couv72960786 Résumé :

Et si le bonheur se trouvait juste sous nos yeux ?

Anna, 37 ans, croule sous le travail et les relances des huissiers. Ses filles, elle ne fait que les croiser au petit déjeuner. Sa vie défile, et elle l’observe depuis la bulle dans laquelle elle s’est enfermée.
À 17 ans, Chloé a des rêves plein la tête mais a choisi d’y renoncer pour aider sa mère. Elle cherche de l’affection auprès des garçons, mais cela ne dure jamais. Comme le carrosse de Cendrillon, ils se transforment après l’amour.
Lily, du haut de ses 12 ans, n’aime pas trop les gens. Elle préfère son rat, à qui elle a donné le nom de son père, parce qu’il a quitté le navire.
Le jour où elle apprend que ses filles vont mal, Anna prend une décision folle : elle les embarque pour un périple en camping-car, direction la Scandinavie. Si on ne peut revenir en arrière, on peut choisir un autre chemin.

Anna, Chloé, Lily. Trois femmes, trois générations, trois voix qui se répondent. Une merveille d’amour, d’humour et d’humanité.

Ce que j’en pense :

Je ne suis pas spécialement fan des histoires de road-trip, mais j’ai voulu laisser sa chance à ce roman, qui m’avait l’air prometteur. Le titre me plaisait beaucoup, et j’avais envie d’enfin découvrir la plume de Virginie Grimaldi, dont tout le monde ne dit que du bien. Et je n’ai pas été déçue : cette lecture m’a bouleversée. J’ai été happée par l’histoire dès le début, et je n’en suis pas ressortie indemne : j’ai été personnellement touchée par les personnages. Il y a en effet trois points de vue différents, celui d’Anna, la maman, et ceux de ses filles, Chloé et Lily. J’ai donc décidé de faire une chronique en trois temps, en passant en revue ces trois personnages principaux. Ce sont eux qui font vivre le roman et le road-trip est assez secondaire, j’ai trouvé. J’ai bien aimé parcourir la Scandinavie et les autres pays nordiques (les descriptions m’ont donné envie de voyager !), mais j’ai surtout apprécié voir les relations entre les trois filles se faire et se défaire. Car chacune d’entre elles a une personnalité unique. Je pourrais également vous parler des personnages secondaires, qui m’ont tout aussi marquée, notamment Edgar et Diego, mais je vais me concentrer sur l’essentiel (il y a beaucoup trop de choses à dire sinon ^^).

Anna, la maman à laquelle tout le monde peut s’identifier

Comme je l’ai écrit juste au-dessus, Anna est la maman. J’ai tout de suite été touchée par sa détresse, et le moment où les huissiers viennent sonner chez elle pour lui demander des comptes m’a particulièrement marquée. Je me suis donc attachée à elle et, au fil des pages, je me suis également identifiée à son personnage. Cela m’a surprise, car de prime abord je n’ai rien en commun avec elle. Je ne suis pas maman, je n’ai pas de dettes, par exemple. Mais certains traits de caractère m’ont renvoyé à mon propre reflet, et j’ai été épatée par la justesse de Virginie Grimaldi. Son récit sonnait tellement juste… C’en était incroyable. L’extrait suivant m’a notamment touchée, je me suis reconnue dans ces mots :

Je ne suis pas une aventurière. Je n’aime pas les surprises, j’ai besoin de tout anticiper, de tout organiser. L’inconnu m’angoisse, le manque de contrôle me tétanise. Je me suis enfermée dans une bulle rassurante, les mêmes lieux, les mêmes personnes, les mêmes trajets. Je refuse systématiquement tout ce qui se trouve à l’extérieur de ce périmètre. Le mariage d’un cousin à l’autre bout de la France, une soirée dans un restaurant que je ne connais pas, un rendez-vous de l’autre côté de Toulouse, un voyage à l’étranger, n’en parlons pas. Je brandis toujours de bons prétextes, je ne suis pas disponible, je suis fatiguée, mes filles ne m’ont pas vue depuis longtemps, la France est tellement belle, pas besoin d’aller ailleurs. Tout le monde y croit : je suis casanière, pantouflarde, vieille avant l’heure. J’arrive souvent à me convaincre moi-même, mais, au fond, je sais.

J’étais déjà casanière à la base. Et avec le covid qui nous a obligé à moins sortir, je le suis encore plus. Maintenant j’aime encore plus rester dans ma zone de confort, et ne surtout pas en sortir… J’ai donc été surprise et touchée de retrouver cette dimension-là dans le roman.

Sinon Anna est également une mère dévouée à ses enfants et j’ai aimé retrouver cette fibre maternelle. Je pense que toutes les mamans au monde peuvent comprendre les sentiments d’Anna, son amour pour ses bébés, son impuissance parfois, sa peur de les voir grandir. Même moi qui n’ai pas d’enfants je les ai compris ! Et les extraits consacrés à l’amour maternel sont tout simplement magnifiques. J’ai aussi un coup de cœur pour l’épigraphe consacré au Livre de ma mère d’Albert Cohen. Je pourrais d’ailleurs vous citer pleins de beaux passages, mais je vais m’abstenir, sinon vous lirez plus un catalogue de citations qu’une chronique ! Je vais donc me contenter de passer au personnage suivant.

Chloé, l’adolescente que tout le monde a été un jour

Chloé est l’aînée, elle a 17 ans. Elle raconte sa vie à travers des billets de blog. J’ai aimé cette diversité, car cela change du récit traditionnel. Puis elle est en pleine crise d’adolescence. Elle cherche l’amour auprès des garçons et elle est tellement en manque d’affection qu’elle en vient à faire n’importe quoi. Cela a ainsi été l’occasion pour l’auteure de rappeler qu’une relation amoureuse ne peut se construire que sur une base d’égalité et de respect mutuels, et qu’il ne faut pas donner son corps au premier venu.

Ce qui m’a de plus marquée, ce sont toutes les émotions ressenties par Chloé : le manque de confiance, est-elle assez bien pour les autres, l’incertitude de l’avenir, est-ce que ça vaut encore la peine de croire en ses rêves face à la réalité etc. :

C’est douloureux, ce passage entre l’enfance et l’adolescence, quand les illusions volent en éclats et les rêves se fracassent contre la réalité. Je regrette cette candeur confortable, ce monde épargné où les bobos s’envolent en un dodo. Je regrette cette vie où je ne savais pas, cette bulle de douceur dont papa et maman étaient les remparts. J’avance vers la majorité en semant des petits cailloux d’innocence. Je ne veux pas tous les perdre. Je ne veux plus grandir.

Cette entrée dans l’âge adulte m’a donc secouée, parce que ce sont exactement les mêmes sensations que j’ai eu à son âge. En fin de compte, je trouve ce passage-là assez universel. La détresse de Chloé l’est également. C’est impossible de rester de marbre face à elle. Des fois j’ai trouvé qu’elle allait trop loin de ses actes pour obtenir de l’amour de la part des garçons, mais dans un sens je la comprenais. Cette fille m’a donc beaucoup plu, et je termine avec ces quelques lignes, qui à mon sens résument toute sa désillusion du monde :

J’ai traversé la cité en la regardant s’animer. Le matin, ça sent l’espoir. C’est peut-être le jour où tout va changer. Une rencontre. Une idée. Une solution. Un départ.

Chaque matin, j’écris dans ma tête mes rêves au crayon à papier. Chaque soir, je les efface.

Lily, la rigolote de service au grand cœur

Lily est quant à elle la cadette. Elle écrit chaque jour dans son journal intime, qu’elle a appelé Marcel, et c’était génial. N’ayant que 12 ans, Lily n’a aucun filtre, et écrit les choses comme elle les pense. Elle déforme aussi certaines expressions, et prend tout au premier degré. En voici un exemple qui m’a fait sourire :

Si je reste à la maison, je vais devoir tuer le temps et j’aime pas la violence.

J’ai donc adoré ce style d’écriture assez naïf, et j’ai trouvé cohérent de la part de l’auteure d’adopter un langage plus enfantin pour Lily. Mais derrière cette façade humour, cette petite fille est pleine de bons sentiments. Elle se chamaille souvent avec sa sœur, mais elle est également généreuse envers elle, et c’était adorable. Car c’est aussi cela que j’ai apprécié retrouver dans ce roman : voir une complicité entre deux sœurs, et entre des enfants et leur mère. Cet aspect est très développé, pour mon plus grand bonheur d’ailleurs !

Lily construit de plus une relation avec un autre enfant de son âge, et j’ai trouvé leur amitié trop mignonne. C’est vraiment le personnage qui m’a envoyé le plus d’ondes positives. Elle m’a mis du baume au cœur. Très franchement, il est impossible de ne pas tomber sous son charme enfantin !

Donc, au cas où vous ne l’auriez pas encore compris, cette lecture est un gros coup de cœur ! Les personnages sont tous plus touchants les uns que les autres, et ce voyage à travers les pays nordiques est incroyable. La plume de Virginie Grimaldi est quant à elle époustouflante : l’auteure a trouvé les bons mots pour me toucher en plein cœur. L’entrée dans le bus comme métaphore de la vie m’a aussi marquée. J’ai ri, pleuré, voyagé avec les trois filles.

C’était riche en émotions, et ce jusqu’à la fin : j’ai adoré les quelques dernières lignes du roman, porteuses d’espoir. Peut-être que j’en fais des tonnes, que je suis trop exaltée, que je vous parais (légèrement) fanatique, mais j’ai vraiment adoré ce roman et vous le recommande à 200% !!Un gros coup de coeur pour ce livre

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27 réflexions sur “Il est grand temps de rallumer les étoiles de Virginie Grimaldi

  1. Tout à fait d’accord, c’est vraiment un livre génial. Je me suis moi aussi un peu reconnue en Anna car même si je ne suis pas non plus casanière, je n’aime pas spécialement sortir et je déteste les endroit où il y a de la foule, et surtout j’ai aussi besoin de tout planifier dans ma tête et l’inconnu est dur à vivre pour moi. Mais en fait je me suis encore plus reconnue en Chloé, car je suis hypersensible et possiblement précoce. Les passages où Lilly déforme les expressions sont très réussis, et c’est juste un énorme coup de coeur pour moi. J’ai hâte de publier ma chroniques !

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    • Tu vois, ce qui est vraiment chouette, c’est que n’importe qui peut se reconnaître dans les personnages ! J’ai aussi été touchée par l’hypersensibilité de Chloé, et le passage où elle énumérait tous ses traits de caractère et disait que ses joies et peines étaient décuplées m’a particulièrement marquée. Je voulais citer cet extrait-là dans ma chronique mais j’ai dû faire des choix donc je ne l’ai finalement pas mis… Mais peut-être reverrai-je ce passage dans ta chronique à toi 😉 Et justement Lily est aussi un personnage très réussi, parce qu’elle apporte un peu de légèreté à l’histoire.

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  2. J’ai adoré ce livre. Moi non plus je ne suis pas très road-trip, et j’avais une petite appréhension, mais en fait, ce fut un coup de coeur.
    De l’auteure, je te recommande vivement « Tu comprendras quand tu seras grande ». Magnifique !

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  3. Je n’ai jamais lu cette auteure non plus, mais ton avis sur ce livre (j’aime beaucoup ce titres!) donne envie de le découvrir !
    L’extrait de Chloé est magnifique, plein d’émotions et de poésie 🤍 « J’avance vers la majorité en semant des petits cailloux d’innocence. » C’est très beau !
    Merci pour cette belle chronique plein d’enthousiasme, on sent vraiment que cette lecture t’a plu ! 🙂

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    • Je te le conseille totalement si tu cherches une lecture feel-good touchante 🙂
      D’ailleurs pour le titre, je t’avais dit la dernière fois qu’il venait d’Apollinaire, et en creusant un peu plus mes recherches j’ai vu qu’il venait des « Mamelles de Tirésias ». Et je devrai étudier cette œuvre-là en cours de lettres cette année alors je suis super contente (voilà pour la petite anecdote ^^) J’espère en tout cas que tu auras l’occasion de découvrir ce livre ou l’auteure !

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      • Merci pour cette précision 😊 J’espère que l’œuvre d’Apollinaire te plaira, je suis curieuse maintenant 🤭 tu chroniques également sur le blog les livres que tu étudies pendant ton cursus ? Ou uniquement tes lectures perso ?

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      • Je chronique uniquement les lectures perso, généralement. Sinon je confondrais loisir et travail 🙂 Mais si tu es curieuse sur ce livre-là en particulier je pourrais toujours t’en faire un petit retour !

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      • Oh avec plaisir, c’est très gentil comme proposition 🙂 mais je ne veux pas t’embêter 🤭 J’ai bien pensé que les lectures inclus dans tes études ne devaient pas figurées sur le blog, on ne prend pas le même plaisir à les découvrir en général. Et c’est bien de dissocier loisirs et travail 🙂

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      • Je ne le lis pas tout de suite, mais je penserai à toi durant ma lecture ^^
        C’est un plaisir différent. Les lectures loisirs sont plus divertissantes tandis que les livres pour les cours sont généralement plus instructifs (et c’est aussi ça qui me plait, tu lis un livre dont tu ne sais rien et à la fin du semestre tu en viens à le comprendre parfaitement et à l’aimer !) Je trouve que c’est complémentaire 😉

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  4. C’est mon premier roman de l’autrice et j’ai été très agréablement surprise. Ce n’est pas du tout mon genre de lectures et j’ai adoré ! On s’attache très facilement aux trois héroïnes, j’ai particulièrement aimé l’évolution de Chloé au fil du voyage.

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    • Je partage ton avis 🙂 En fait le talent de Virginie Grimaldi c’est d’arriver à toucher tous les lecteurs avec des personnages assez différents. Et moi non plus je ne m’attendais pas à accrocher autant ^^

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