Here is the Beehive de Sarah Crossan

Résumé :

What would you do if you lost someone the world never knew was yours?

For three years, Ana has been consumed by an affair with Connor, a client at her law firm. Their love has been consigned to hotel rooms and dark corners of pubs, their relationship kept hidden from the world. So the morning that Ana’s company receives a call to say that Connor is dead, her secret grief has nowhere to go. Desperate for an outlet, Ana seeks out the shadowy figure who has always stood just beyond her reach – Connor’s wife Rebecca…

Ce que j’en pense :

J’ai découvert Sarah Crossan avec son best-seller Inséparables, pour lequel j’avais eu un gros coup de cœur (ma chronique se trouve juste ici). J’ai ensuite lu et aimé Swimming Pool. Outre l’histoire, c’est aussi et surtout le style d’écriture de Sarah Crossan qui m’attire. Elle écrit en vers libres et ce mode de narration est, en plus d’être innovant, totalement en phase avec le récit qu’elle nous livre. Sa plume se colore souvent d’une touche de douceur, et c’est cette émotion touchante que je souhaitais retrouver dans un autre de ses livres. En l’occurrence, la quatrième de couverture de Here is the Beehive m’a fait de l’œil. Et j’ai encore une fois été conquise par l’histoire.

Une histoire émouvante et universelle

Ce livre n’a pas été traduit en français pour le moment, ce qui explique donc que le titre et le résumé soient en anglais dans ma chronique. Pour ceux qui ne lisent pas du tout en version originale, je vous fais un rapide topo : c’est l’histoire d’Ana, qui travaille dans une entreprise juridique. Elle a depuis trois ans une aventure avec l’un de ses clients, Connor.

Au moment où le récit débute, Ana apprend la mort de Connor, et on va la suivre dans son deuil. Sa tristesse, sa colère à l’égard de son amant, puis finalement l’acceptation de sa mort, rien ne nous est épargné. Ana va d’ailleurs créer des liens avec Rebecca, la femme de son amant. Par moments j’ai trouvé leur rapport vraiment malsain, d’autant plus que Rebecca ne sait pas qui est réellement Ana… Ce rapprochement entre l’amante et l’épouse de Connor constitue en tout cas le fil conducteur du roman.

Je n’ai pas l’habitude de lire des histoires d’adultère, celle-ci est la première. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, mais une chose est sûre : je ne pensais pas compatir avec Ana, car elle est quand même la figure de la tentatrice, de celle qui brise le couple de Connor. Et pourtant… Son personnage m’a émue, et sa détresse m’est allé droit au cœur. Ce passage, dans lequel elle exprime toute sa souffrance de n’être que la maîtresse de Connor, m’a bouleversée :

Those who loved you, or liked you,
or with whom you were mildly acquainted,
are gathered together while you burn.
I have had to flee
at the very moment you are vanishing,
embrace invisibiliy again.

Cette idée que sa souffrance est invisible (parce qu’elle n’est qu’une pièce rajoutée dans la vie de son amant) m’a prise aux tripes. Leur aventure est restée secrète, donc personne (ou presque) ne sait qu’elle fait son deuil. Et sa peine n’en est que plus touchante. En fait, ce qui me plaît dans cette histoire, c’est qu’elle est universelle : certes Ana n’aurait pas dû tromper son mari et avoir une aventure avec un homme marié, certes elle est en tort, mais sa douleur est sincère et sans artifices. Et cette peine dévastatrice rend Ana humaine et attachante.

Une plume poétique bien que difficile à saisir en VO

Comme je l’évoquais en début de chronique, la plume de Sarah Crossan est magnifique et me touche à chaque fois. Ici, une certaine poésie se dégage du texte, et la sensibilité dont fait preuve l’auteure pour rendre compte de la palette d’émotions ressentie par Ana est incroyable. Sarah Crossan a vraiment un don pour employer le bon mot, la bonne tournure de phrase, au bon moment. La lire est, comme toujours, un pur régal.

Si l’on reste sur l’aspect formel du texte, j’ai adoré l’alternance entre le présent et le passé. Ana nous raconte sa peine, ses relations compliquées avec son mari à la mort de son amant Connor. Elle nous décrit également son rapprochement avec Rebecca.

Et, en parallèle, elle nous livre, par fragments, des morceaux de sa vie passée avec Connor : leur rencontre, leurs joies et disputes. Et ce qui m’a marquée, c’est qu’Ana interpelle directement Connor, avec des « you ». C’est comme s’il était là, dans la pièce avec Ana, alors qu’il est mort. Ça m’a fait penser à Stephan Zweig et à sa Lettre d’une inconnue : le procédé est le même, et ça ajoute une touche de lyrisme au récit.

Cette alternance entre passé et présent n’est ceci dit pas très claire dès le début, et m’a laissée perplexe dans un premier temps. Durant les premières pages j’avais effectivement la sensation que l’auteure passait du coq à l’âne en invoquant des épisodes de vie qui n’avaient aucun lien apparent. Pourtant, plus on avance dans l’histoire, plus les choses s’éclaircissent : le récit donne l’impression d’être fragmenté, sans queue ni tête, mais en réalité tout est bien structuré.

J’ai d’ailleurs rencontré quelques difficultés à lire ce roman en VO. J’ai lu plusieurs romans en anglais auparavant et n’en suis pas à mon coup d’essai, mais Here is the Beehive m’a donné du fil à retordre. Je pensais que les vers libres rendraient l’histoire plus compréhensible, mais c’est tout le contraire qui s’est produit.

J’ai surtout eu beaucoup de mal avec tous les temps du passé qui sont employés. Entre le prétérit, le past perfect, le conditionnel passé etc j’ai eu du mal à replacer les évènements évoqués dans une chronologie. Cela peut sembler anodin, mais ça m’a vraiment handicapée pour saisir toutes les nuances. Ce n’est donc clairement pas un livre que je recommande à un débutant ; je pense qu’il faut être un lecteur de romans en VO aguerri avant de se lancer dans cette lecture.

Ces difficultés ne m’ont heureusement pas gâché la lecture, et je garderai un bon souvenir de ce roman. C’est une histoire touchante et universelle ; la plume de Sarah Crossan est encore une fois à couper le souffle. Ce qui est sûr, c’est que je lirai d’autres de ses romans (mais en français si possible ^^).

Et vous, avez-vous lu un livre de cette auteure ? Qu’en avez-vous pensé ?

12 réflexions sur “Here is the Beehive de Sarah Crossan

  1. Je ne pense pas être assez aguerrie en anglais pour me pencher sur cette lecture en VO. De plus, le résumé au départ ne m’intéressait pas plus que ça. La partie la plus intrigante est ce deuil caché d’Ana qui ne peut pas extérioriser, je pense, sa peine comme elle le voudrait car justement c’est caché. Je ne sais pas comment l’histoire est abordée mais c’est vrai que le rapprochement amante/femme a un côté malsain.
    Je passe donc mon tour 😉

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    • Le côté malsain dans la relation entre l’amante et la femme n’est pas poussé à son extrême, donc ça allait ^^ Il n’y a pas eu de grosse manipulation de la part de l’amante, ou une volonté de nuire. C’est surtout une gêne que j’ai ressentie lors de ma lecture, parce que ce genre de rapport, ça fait forcément réfléchir. Ceci dit, je ne te recommande clairement pas ce livre si le résumé ne t’intéresse pas et si tu n’es pas encore assez entraînée à lire de la VO 😀

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  2. Je n’étais même pas allée voir le sujet (vu que je sais vouloir le lire) et je suis très intéressée pour ma part ! D’autant que ça change des personnages adolescents de ses précédents romans, ça m’interpelle encore davantage.
    Merci pour cette chronique qui accroît mon désir de le lire !

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    • Je n’y avais même pas pensé mais oui, ce roman s’adresse plus aux adultes qu’aux adolescents et les personnages sont donc plus matures (ou du moins ils ne sont plus dans une quête identitaire et se sont déjà trouvés).
      Je suis en tout cas contente de t’avoir encore plus donné envie de découvrir ce roman, j’espère qu’il te plaira autant qu’à moi, si ce n’est plus 😁 N’hésite pas à me redonner des nouvelles le jour où tu te lanceras !

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      • Du coup, j’avoue que ça pourrait correspondre davantage à mes envies lectures actuelles. Et je suis curieuse de la trouver dans une tonalité différente.
        Je ne suis pas sûre de le lire tout de suite, mais j’en parlerai à coup sûr le jour où ce sera fait !

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